Départ sous la pluie aujourd’hui. Les Australiens avec qui nous avont partagé le gite ont décidé de sauter une étape en se rendant en taxi directement à Decazeville. Ils ont une bonne raison pour le faire; leur équipement de pluie (« dry pants » et coupe-vent) ne fait pas le travail. Lors des journées de pluie commer hier, ils arrivent au gite détrempés. Comme il y a une boutique d’équipement de plein-air à Decazeville, ils ont décidé de s’y rendre pour régler le problème en faisant l’achat de ponchos.
De notre côté, la trajet vers Conques s’amorce par une montée. C’est maintenant la signature du chemin. Tous les mètres gagnés ou perdus en altitude sont âprement négociés. Ce que l’on donne un jour on le reprend le lendemain.
Le fait de monter rapidement en altitude nous fait revenir dans le nuage de brouillard qui nous survole depuis quelques jours. La visibilité pour le reste du trajet jusqu’à la descente finale vers Conques est donc limitée à moins de cent mètres. Nous ne voyons donc rien du paysage durant les 13 km qui nous mènent à Conques. Il n’y a que les oiseaux pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls.
Près de Conques, nous amorçons une descente rapide vers le village. Nous passons dans un espèce de tunnel végétal entouré de pierres. Un look presque jurassique. Nous cheminons dans cet étroit passage durant environ trente minutes pour arriver à Conques.
Il y a certainement un problème avec le temps aujourd’hui. Après nous avoir transporté dans l’époque jurassique avec le type de végétation observé durant la descente, voici que nous nous trouvons plongé en pleine époque médiévale à notre arrivée à Conques. Ne manque que la musique d’époque. Il y a bien quelques anachronismes (voitures, etc.) mais le reste est presque parfaitement conservé.
Je passe le reste de l’après-midi à sillonner les ruelles de Conques pour voir tout ce qu’il y a à voir. Ce n’est pas pour rien que Conques est considérée comme la perle de la via Podiensis. C’est amplement mérité. L’atmosphère du village est un mélange de Shrek et des films Hobbits.
Nous sommes au gite de l’Abbaye de Conques. Au repas en soirée, nous sommes attablés avec un Belge, une Québécoise et sa fille, un couple Français et une jeune Française.
Le Belge est un grand-père qui a décidé cet automne de faire le chemin jusqu’à St-Jean-Pied-de-Port. Il craignait un peu que ses enfants le traitent de fou, mais s’est rendu compte lorsqu’il leur a fait part de ses plans que ceux-ci l’encourageaient. Il semble très en forme car il réalise des étapes de plus de 30 km à chaque jour.
À la table, nous avons bien du plaisir. C’est un peu le choc des cultures entre le Québec et la France. Au moment où le plateau de fromages est servi, la maman Québécoise s’empare du plateau et découpe chaque bloc de fromage en morceaux. J’observe la scène amusé. Lorsque le plateau arrive au couple Français, le monsieur est un peu médusé à la vue du résultat. Il demande alors à la Québécoise pourquoi elle a « charcuté » le fromage ainsi. Celle-ci lui répond que c’est comme cela qu’on sert du fromage au Québec. S’ensuit une suite d’échanges amusants qui provoquent l’hilarité générale.
En soirée, à l’heure où j’écris généralement ce blog, nous avons droit à une explication par un religieux de l’Abbaye sur le sens du tympan de l’église de Conques. C’est l’histoire entre le bien et le mal sculptée au-dessus de l’entrée principale.
S’ensuit un concert d’orgue par le même religieux. Tout en douceur et parfois tout en puissance, l’effet est saisissant dans cette église d’époque.
Notre prochaine destination est Livinhac-le-Haut. Normalement, cela devrait être la dernière journée sous la pluie pour la prochaine semaine. Nous avons bien hâte que la température remonte à la normale. Nous avons vu une photo avant-hier de Le-Puy-en-Velay où les toits oranges étaient remplacés par des toits blancs. Preuve qu’il ne suffit pas de venir dans le sud de la France pour oublier la neige…